Patrimoine sacré : À la découverte des édifices religieux de Metz-Tessy

Impossible d’évoquer Metz-Tessy sans s’arrêter devant l’église Saint-Martin, véritable pivot de la vie locale depuis le Moyen Âge. Édifiée entre le XIe et le XIIe siècle, remaniée à de multiples reprises, cette église rayonne par son style et son histoire.

• Une architecture évolutive : Le porche et la nef mêlent subtilement éléments romans – voûtes en berceau, piliers robustes – et touches plus récentes, héritées des transformations successives du XIXe siècle.
• Le clocher savoyard : Son toit bulbé typique de la Savoie attire l’œil. Ce style, hérité de la Contre-Réforme catholique, date ici de la reconstruction du clocher réalisée en 1842 après la foudre (Source : patrimoines.haute-savoie.fr).
• Trésors intérieurs : Retable de bois doré, vitraux colorés, sculptures de saints locaux, mais aussi un chemin de croix réalisé par un artiste annécien du XXe siècle : chaque détail est prétexte à la contemplation.
• Lieu de rassemblement : Lieu de cérémonies majeures, mais aussi de concerts et d’expositions toute l’année, l’église Saint-Martin demeure le grand témoin vivant du lien social à Metz-Tessy.

En retrait, nichée dans les hameaux, la chapelle des Noyers fascine par son authenticité. Construite au XVIIIe siècle, elle fût longtemps un lieu de recueillement pour les habitants éloignés du centre du village.

• Une architecture simple : Façade blanche, toit à deux pans, petit clocher mur : cette chapelle illustre l’art populaire et la piété rurale de la Haute-Savoie.
• Un lieu de passage : Les archives communales rappellent que la chapelle accueillait autrefois pèlerins, promeneurs, et agriculteurs venus demander la bénédiction des récoltes (Source : registre des archives municipales de Metz-Tessy).
• Un patrimoine préservé : En dépit des ans, la chapelle reste debout grâce à la mobilisation d’associations locales, bien déterminées à enrayer la disparition de ces monuments délicats mais essentiels.

Outre les grands édifices, Metz-Tessy réserve au promeneur curieux une multitude de petits trésors dissimulés dans ses quartiers et hameaux : oratoires, croix de chemin et calvaires rivalisent de simplicité et d’authenticité.

• Les oratoires familiaux : Souvent édifiés au XIXe siècle à la croisée de deux chemins ou à la sortie d’un champ, ils rappellent la dévotion très ancrée dans la culture savoyarde.
• La croix du Vieux Four : Ce calvaire en pierre blanche, daté de 1816, commémore un épisode dramatique de l’histoire locale lié à une épidémie de fièvre typhoïde (source : archives.hautesavoie.fr).
• L’Oratoire Saint-Pierre : Restauration récente (2015) par des bénévoles du quartier des Choseaux, avec inauguration lors des fêtes patronales.

Pourquoi ces petits édifices comptent-ils tant ?

Ils créent du lien : véritables repères, ils servaient de lieux de pause, de rassemblement lors des processions, et continuent de rythmer les circuits de randonnée ou les balades dominicales.

La vie religieuse de Metz-Tessy n’a jamais été figée – elle a accompagné les métamorphoses du village. À partir du XIXe siècle, sous le règne du Royaume de Piémont-Sardaigne, la paroisse connaît un renouveau de la pratique religieuse, avec restauration d’édifices et érection de nouvelles croix (Source : “Histoire de la Savoie et de ses communes”, P. Pelletier, 1998).

• Période révolutionnaire : Les registres paroissiaux témoignent d’une grave crise entre 1792 et 1800 : prêtres exilés ou réfractaires, processions interdites, édifices quelquefois vandalisés.
• Retour à la pratique : Vers 1850, la pratique religieuse redevient centrale, avec près de 85% de la population assistant aux messes dominicales d’après les états diocésains de 1872.

À Metz-Tessy, le patrimoine religieux n’est pas seulement hérité : il est vécu. Outre les pratiques de foi, il continue de s’inscrire dans l’identité, les fêtes et la transmission. Certaines traditions perdurent, comme les processions de la Fête-Dieu ou la Saint-Martin, où jeunes et anciens se retrouvent autour des édifices sacrés.

• Transmission générationnelle : De nombreux enfants participent encore, chaque année, à l’entretien des croix lors de journées communales organisées par les associations patrimoniales.
• Cultures croisées : À la fin du XXe siècle, l’ouverture du village vers l’agglomération annécienne s’accompagne d’un enrichissement des pratiques, parfois oecuméniques, où les églises accueillent d’autres communautés chrétiennes lors de grandes fêtes.

• Un retable venu d’Italie ? Certains historiens locaux avancent que le retable de l’église Saint-Martin aurait été réalisé par des artisans piémontais au XVIIIe siècle, signe d’échanges anciens entre Savoie et Italie.
• Le bourdon du clocher : La cloche principale pèse plus de 700 kg. Elle a été fondue à Annecy en 1864 et sonne, encore aujourd’hui, les joies et les deuils de la commune.
• Une église sur les cartes postales : Dès 1905, la silhouette de l’église Saint-Martin apparaît sur les premières cartes postales du village, utilisées alors pour correspondre avec les familles parties travailler en Suisse ou en Italie.

• Église Saint-Martin : Ouverte au public hors offices principaux, visites libres ou guidées sur demande auprès de la mairie ou lors des Journées du Patrimoine.
• Chapelle des Noyers : Accessible lors de promenades (hameau du même nom), elle peut être visitée lors des Journées Européennes du Patrimoine ou pour des événements spéciaux.
• Oratoires et croix : Les circuits pédestres balisés autour de Metz-Tessy offrent une découverte buissonnière de ces édicules : plus d’une dizaine sont recensés dans les hameaux.

Le patrimoine religieux de Metz-Tessy, avec ses grandes églises comme ses chapelles rurales, ne s’adresse pas seulement aux passionnés d’histoire ou de vieilles pierres. Il invite chaque habitant, chaque visiteur, à poser un regard curieux sur la vie locale, la mémoire, et cette manière unique qu’a Metz-Tessy d’incarner, dans la pierre et dans l’instant, son goût du partage et de la transmission. Passées ou présentes, célèbres ou discrètes, ces constructions forment autant d’occasions d’explorer, de comprendre et, peut-être, de s’attacher un peu plus à cette commune si singulière.

Sources principales :

• Base de données des patrimoines de Haute-Savoie (patrimoines.haute-savoie.fr)
• Archives municipales de Metz-Tessy
• “Histoire de la Savoie et de ses communes”, Paul Pelletier, 1998
• archives.hautesavoie.fr